Sortir des rangs et trouver son chemin

PatriciaBy Patricia26 octobre 202110 Minutes

J’ai dernièrement retrouvé un livre que j’avais acheté il y a une dizaine d’année qui s’intitule « The Cultural Creatives : How 50 million people are changing the world. » En l’ouvrant au hasard et je suis tombée sur un graphique qui montre trois voies : celles de trois sous-cultures qui appréhendent la vie de manière divergente.

  • La première sous-culture est orientée passé. Elle suit un chemin traditionnaliste, elle rejette le système et réagit contre une vision moderne du monde.
  • La deuxième sous-culture, et aussi celle qui englobe la plus large population, est celle du chemin de la modernité. Cette population accepte le système et fait du mieux qu’elle peut pour s’en sortir, pour réussir.
  • La troisième sous-culture est celle des « créatifs culturels » aussi traduit par « créateurs de culture » (lire la description sur la page wikipedia – elle est intéressante). Cette sous-culture est orientée futur, elle va au-delà du système actuel et se détache de la vision moderne et matérialiste du monde. Son chemin vient de l’intérieur.

Depuis quelques années, on observe de plus en plus de personnes qui, petit à petit, sortent des rangs, et cherchent à s’éloigner de la vision matérialiste du monde. Parfois cela arrive après des réflexions personnelles, et bien souvent, après un événement de vie fort : un burn-out, un bore-out, une maladie, un accident, un deuil, une rupture. Une grande transformation intérieure s’opère et puis après, il y a cette période chaotique où les vieilles façons de faire ne font plus sens. On sait qu’on ne veut pas, qu’on ne peut pas, retourner en arrière, à notre ancien job ou ancien métier. Mais on ne sait pas quoi faire, ni comment avancer différemment dans un système qui est basé sur la conformité.

C’est la période de la grande question « Et maintenant quoi ??? ».

Une période effrayante, qui peut paraître interminable, incertaine et complètement déstabilisante. Et pourtant, elle est fascinante (ou elle peut l’être en tous les cas) parce que c’est la période de création d’un nouveau monde – de son nouveau monde. C’est une période où on prend tous nos ingrédients personnels, toutes nos expériences passées, nos valeurs, nos aspirations et nous modelons notre nouvelle réalité.

Ce qui est compliqué, c’est qu’il n’y a pas de mode d’emploi qui fonctionne et que le timing de création n’est pas forcément celui de l’ORP, de l’assurance maladie ou de nos réserves personnelles. Faire un CV, chercher des annonces, peaufiner son profil Linkedin ne portent pas forcément leurs fruits. Retrouver sa place peut sembler compliqué.

C’est parce que cette approche ne colle plus avec la nouvelle réalité. Elle est plus intuitive, ancrée dans le relationnel et l’esprit d’entreprise. Elle demande de la flexibilité comportementale (d’où l’importance de bien se connaître), de lâcher encore et encore des croyances, d’avoir un bon système de soutien (et ce n’est peut-être pas le même que celui « d’avant ») et une certaine endurance et créativité parce que le chemin n’est pas tout tracé.

On est plutôt dans du tout terrain que sur une route bien goudronnée.

Pour celles et ceux qui sont déjà passé·es par là, vous savez que tout cela est un processus. Le chemin se dévoile au fur et à mesure de nos avancées. Vous savez aussi qu’une fois sur votre chemin, il n’est pas linéaire. On se remet régulièrement en question.

Je suis passée par là en 2008…

Je vous ai déjà parlé de mon année 2008 ? J’habitais à Boston, j’avais mon job de rêve – directrice de la communication dans une start-up qui produisait une nouvelle marque de chaussures de sport, j’avais une Mini Cooper décapotable avec les sièges chauffants. J’avais aussi une maladie tenace et douloureuse, une relation qui me faisait plus souffrir que m’épanouir et j’étais profondément fatiguée. Je voulais quitter mon job, mais pas rentrer en Suisse. Il y avait la crise financière et les entreprises américaines n’embauchaient pas. La start-up dans laquelle je travaillais manquait de fonds.

Le moment qui a fait tout basculer a été le suivant. J’étais au volant de ma Mini quand mon Blackberry a sonné. C’était ma gynécologue qui m’annonçait que le résultat de mon ultrason n’était pas bon. Il y avait un gros kyste et elle pensait que c’était peut-être un cancer des ovaires. Boom, comme ça, au téléphone. Tout est allé au ralenti après ça. Je me suis arrêtée sur le bord de la route. J’ai posé le téléphone et j’ai dit « Stop. Ça suffit. » Et j’ai eu cette pensée qui m’a traversée : « Si ton corps est capable de créer une maladie auto-immune, il est aussi capable d’en guérir. »

Alors, je suis partie en quête.

J’avais déjà négocié avec mon employeur mon retour en Suisse et un congé de 2 mois alors j’en ai profité pour prendre soin de moi. En fait, j’ai décidé d’apprendre à prendre soin de moi. Je ne crois pas que c’était quelque chose que je savais vraiment faire (et je suis toujours en train d’apprendre…).

Je suis partie faire une retraite spirituelle à Sedona dans l’Arizona pendant une semaine. J’ai médité sur les vortex dans les montagnes rouges typiques de cette région. J’ai fait divers soins avec des shamans, guérisseuses, masseuses et autres thérapies naturelles et ésotériques. J’ai fait une séance de respiration holotropique* et j’ai senti que j’ai guéri. Chose qui a été confirmée par mon (nouveau) gynécologue à mon retour à Boston. Ensuite, j’ai lu des piles de livres, manger pleins de trucs sains et j’ai suivi des cours de yoga. Je me suis retapée.

Il y a cette phrase de Joseph Campbell qui dit : « Vous entrez dans la forêt là où elle est la plus sombre, là où il n’y a pas de chemin. Là où il y a un chemin ou un sentier, c’est celui d’une autre personne. Vous n’êtes pas sur votre chemin. Si vous suivez le chemin de quelqu’un d’autre, vous n’allez pas réaliser votre potentiel. »

Après cette expérience forte, j’ai été licenciée. Je suis rentrée en Suisse sans job, mais j’étais transformée et je savais que je ne pouvais simplement pas retourner dans la communication, pas « simplement » retourner dans le monde du travail.

Alors a commencé un long chemin vers la prochaine étape de vie.

Fast forward à aujourd’hui : je suis coach, fondatrice d’une agence de communication, compagne et maman. Je repense souvent à 2008 et à ma vie à Boston. Il y avait beaucoup d’ingrédients positifs, mais le cœur n’y était pas – pas parce que je n’aimais pas ce que je faisais, au contraire. Mais parce que je n’étais pas réellement connectée à mon cœur. J’étais à la fin d’un cycle. Il était temps de prendre mon baluchon et de partir ne quête.

Alors, si vous êtes à l’orée de la forêt, prenez une grande inspiration et lancez-vous. L’aventure commence même s’il fait sombre. Si vous êtes sur une route goudronnée, attention ! Et si vous cherchez où poser votre prochain pas, confiance. Votre chemin vient de l’intérieur. Et souvenez-vous: vous n’êtes pas seul·es! Nous sommes plus de 50 million à choisir créer nos chemins.

Bonne route !

Patricia

*Après mon expérience mystique à Sedona, je me suis formée pour devenir praticienne en respiration holotropique, une technique issue de la psychologie transpersonnelle et des enseignements de Jacquelyn Small et Stan Grof. Dès que la situation sanitaire le permettra, je redonnerai des ateliers en groupe.
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